C’est le but même de notre voyage :
rencontrer Sandeepa que nous parrainons depuis l’été 2005. Sandeepa a 6 ans
½
et vit avec ses grands-parents. Elle n’a pas connu son père, parti avant sa
naissance et sa mère l’a abandonné en été 2006. Je n’ai pas obtenu d’autre
précision sur la situation de sa mère.
Hemali, Swarna et Kumara, membres
du CCF dans le district de Kirinda, viennent nous chercher à l’hôtel. Le
village est distant d’une quinzaine de kilomètres, le voyage me parait
interminable. Les questions affluent : comment va régir Sandeepa ? comment
communiquer avec elle et sa famille ? aucun d’entre eux ne parle anglais.
Srath nous accompagne, sa connaissance du français sera un bon complément à mes
notions d’anglais ! Arrivé près de la maison je reconnais la construction
en cours dont j’avais eu des photos par internet. Je reconnais le grand-père,
Munidasa, alors que le minibus du CCF se gare devant le portail. J’aperçois
Sandeepa qui court vers la maison et en descendant je ne peux m’empêcher de
crier « Sandeepa » en rejoignant le comité d’accueil. Lydie tente de
tempérer mon enthousiasme : « ne crie pas tu vas lui faire
peur ! ». Les présentations sont très émouvantes et un peu
protocolaires.
Munidasa sacrifie à la tradition en nous offrant une feuille de
Koltamber, signe de bienvenue. Sandeepa me passe un collier de fleurs autour du
cou et se prosterne devant moi. Gêné, je tente de la relever mais Srath me
souffle à l’oreille « c’est un signe de respect envers les adultes ».
Arrivée de Malani la grand-mère qui parait très émue, presque les larmes aux yeux. C’est elle qui, avec
l’aide d’une voisine qui sait écrire, rédige les lettres que je reçois. Il y a
au moins vingt personnes pour nous accueillir. Tous les voisins sont là qui ont
aidé à préparer le repas et y prendront part après nous. Les enfants
particulièrement curieux ont le regard qui pétille et le sourire accroché aux
lèvres devant ces deux européens, peut-être les premiers qu’ils rencontrent.
Nous prenons la mesure des conditions de vie précaires de cette famille Sri
Lankaise. La maison dans laquelle ils habitent encore est faite de briques
rouges mais le confort y est absent. Je vois de près les dégâts occasionnés par
les dernières crues et qui m’ont poussé à les aider pour construire une
nouvelle maison. Après la traditionnelle noix de coco royale en guise de pot
d’accueil, nous remettons nos cadeaux à la famille. Sandeepa est
particulièrement gâtée. Nous lui remettons des vêtements offerts par la sœur de
Lydie et Gaëlle une amie dont la fille Tifène a confectionné un bracelet de
perles où s’inscrit Sandeepa. Nous remettons également aux grands-parents un
petit souvenir de Bretagne (trao mad et crêpes ne sont pas oubliés). Je donne
également à Sandeepa quelques fournitures scolaires que m’a confiées ma mère.
Il y en avait tant que j’en confie une partie à Helami pour en faire la
distribution dans les écoles. Nous sentons l’émotion dans le regard de Malani,
Sandeepa semble un peu perdue, elle met un peu de temps à réaliser que nous
sommes bien là. Il est vrai que le voyage initial était prévu en mai 2007. Nous l’avions reporté pour
concentrer notre aide sur la reconstruction de la maison.
Munidasa m’invite à l’arrière la
maison pour découvrir l’arbre qu’ils ont planté en mon honneur lorsque le
parrainage a débuté. C’est bête mais je me sens vaguement ému par cette
attention. Nous immortalisons ce moment par une photo avec Sandeepa.
Pendant que les préparatifs du
repas s’achèvent, Sandeepa m’emmène par la main pour une promenade improvisée
vers la rivière proche. En arrivant sur la berge je lui montre l’eau et dit
« rivière ». elle me répond…quelque chose que je n’ai pas retenu,
mais nous nous sommes compris. Soudain, elle me lâche la main et s’arrête. Moi
je continue les yeux rivés au sol pour regarder où je mets les pieds. Et là, je
me retrouve nez à nez avec un buffle laissé là à l’attache. Je comprend à la moue
que fait
Sandeepa, qu’elle n’aime pas trop s’en approcher. Nous prenons le
chemin du retour; les autres doivent nous attendre pour déjeuner.
Le repas qui nous est servi est
impressionnant par la diversité des mets proposés. Je m’informe auprès de Srath
de la teneur en épices de tel ou tel plat. Il me rassure en me disant que spécialement pour
nos estomacs délicats, les doses d’épices ont été réduites. L’avenir nous
prouvera que tous les cuisiniers n’étaient pas au courant de la consigne…Pour
autant nous découvrons avec bonheur le manioc cuit en guise de légume, des
poissons de rivière frits, des poissons de mer avec une sauce au curry, une
espèce de chips maison délicieux et toutes sortes de fruits : papaye,
ananas, jekki (fruit de l’arbre à pain), petites bananes, goyaves, mangues,
fruits de la passion (très acide mais délicieux). Sandeepa s’installe quelques
instants à côté de moi pour partager ce repas. Je sens son regard monter vers
moi par moment; nous échangeons quelques sourires tout en mangeant. Je goûte
également un
mélange de graines, de vermicelle frit et de petites choses
croustillantes qui ressemble à un mélange apéritif. A peine la première bouchée
saisie, je sens un feu nourri envahir ma bouche ! Sous les regards amusés
de nos hôtes, je passe par un certain nombre de couleurs pour le moins
flamboyantes. Il faisait chaud jusqu’à présent mais là je brûle. Deux ou trois
cuillérées de riz mettent un terme à cet incendie involontaire. Le dessert est
l’occasion de goûter à la spécialité de la région : le Curd. C’est un
fromage blanc de lait de bufflonne, nappé de sirop de palme, un vrai
délice ! Je ne résiste pas et m’en ressert une bonne part.
Nous achevons notre repas pour
céder la place aux nombreux voisins venus se joindre à la fête. Je ne suis pas
pressé de passer à la suite du programme car il est convenu de quitter Sandeepa
et sa famille après le repas à 13h30. la suite nous réservera une bonne
surprise.
Commentaires
1 dequeant Le 04/04/2008
Vivement les prochaines photos et vos récits de vive voix!!!
Bisous
2 sophie Le 05/05/2009
j'aimerai tellement aller voir mes filleuls !!
comment s'organise un voyage comem celui ci? comment CCf s'organise pour nous accueillir?
moi je parraine en amérique latine mais bon ca doit etre a peu pres pareil!
c'est vraiment super cette rencontre mais je crois que j'aurais beaucoup de mal a la quitter surtout si on ne peut les voir qu'une demi journée!je trouve ca un peu dommage compte tenu du super long voyage qu'on fait!
il n'est vraiment pas possible de les voir plus longtemps que ca?
3 patricia Le 08/04/2013
Je sais ce que vous avez ressenti, et c'est un bonheur indéfinissable; c'est un grand moment d'émotion cette rencontre.
Je suis allée, moi aussi, à la rencontre de mon filleul au nord-est du SRI LANKA en janvier 2010. J'y repense très souvent et j'aimerais tellement y retourner. Je ne désespère pas, j'espère bien y retourner d'ici 1 an ou 2. Mon filleul a 15 ans maintenant, c'est un grand jeune homme que j'ai commencé à parrainer comme vous en 2005.
Je vous souhaite bcp de bonheur.
Bien à vous
Patricia
vlb29 Le 26/07/2013
Cordialement
Bernard