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visite projets partie 1

La bonne surprise c’est que nous allons nous installer dans le mini bus et qu’au moment de se mettre en route, Sandeepa nous accompagne avec les membres du CCF. C’est donc tous ensemble que nous allons visiter quelques sites où leur action est marquante. Inutile de vous dire que nous sommes ravis de passer ces quelques moments supplémentaires en compagnie de Sandeepa. Nous nous dirigeons tout d’abord vers un « home gardening ». Il s’agit en fait d’un espace où sont cultivés différents plants destinés à être donnés aux populations. Une espèce de nurserie végétale en somme. Kumara me montre en particulier le réseau de sprinkler qui participe à l’irrigation du lieu. Nous découvrons bien sûr un grand nombre d’espèces locales mais aussi des tomates poussant ça et là et même un plant de choux-fleur tout en feuille, produit de luxe dans ce pays. Ce sont les familles bénéficiaires qui entretiennent elles-mêmes ce site et participent à l’apprentissage des techniques de culture et d’irrigation. C’est le principe même de l’aide apportée par le CCF. Il s’agit d’aider les populations par un support technique et financier. En aucun cas il n’y a d’assistanat, d’aides directes sans participation des bénéficiaires.


Nous reprenons la route pour quelques centaines de mètres en direction d’un barrage financé par le CCF, sur la rivière Kirinda. Helami et Kumara me disent que grâce à cette installation, 400 familles ont accès à l’eau d’irrigation. Actuellement les vannes sont grandes ouvertes suite aux pluies importantes tombées récemment. La prochaine visite est consacrée à une famille composée de la mère et de ses trois filles. Sa situation est critique car son mari est décédé et son frère qui est militaire et subvenait à ses besoins, vient d’être gravement blessé et doit subir une amputation. L’émotion est intense à l’évocation de ce drame. Les filles aînées, rentrées de l’école depuis peu, nous montrent fièrement leurs uniformes : robe et chemisier blanc, cravate rouge. L’aînée arbore une décoration obtenue avec sa cinquième place au classement. Leur maison n’est pas achevée et la famille loge chez la grand-mère. Un long silence suit les explications traduites par Srath. La mère retient ses larmes à l’évocation de la blessure de son frère, signifiant pour elle la fin de ses ressources. Malgré sa volonté elle ne parvient pas à obtenir un emploi stable faute de formation, de moyen de transport, d’opportunité dans cette région enfin faute de tout. Nous ressentons dans son regard un appel à l’aide que sa dignité lui interdit de formuler. Je me sens mal car évidemment nous pourrions aider cette famille aussi, mais combien sont-ils dans ce genre de situation ? Des dizaines ou des centaines de milliers sans doute...

Nous nous rendons ensuite dans une petite maison occupée par une famille composée d’un jeune couple et de leursdeux enfants. Le mari est agriculteur sa femme a reçu une formation de couturière. Les emplois dans le textile n’étant pas nombreux dans le secteur, le CCF a financé une machine à coudre pour cette famille. Il y en a déjà eu 8 d’achetées dans le district. Chacune d’elle vaut 30000 RS soit environ 200 €. L’achat est très récent et pour l’instant les vêtements réalisés sont destinés à la famille et aux voisins. Mais très bientôt la production pourra se commercialiser par l’intermédiaire d’une sorte de coopérative pilotée au sein du projet. Son mari m’emmène visiter le champ s’il cultive à deux pas de la maison. Nous enjambons les plants de tomates et slalomons entre les cocotiers pendant quelques minutes avant de découvrir le champ en question. Je prends mille précautions en cheminant car je ne tiens pas à marcher sur un serpent (les cobras sont fréquents dans la région). Le champ est assez bien délimité il semble faire 3 à 4000 m2. On y cultive une sorte de courge très fine et très longue. Les plants font de 1,50 à 2 mètres de hauteur. Chaque visite est également l’occasion de goûter une fève, un fruit ou une plante nouvelle dénichée par l’œil expert de Kumara. Son esprit facétieux joue de notre confiance aveugle et c’est ainsi qu’il nous fait manger un fruit, sans doute délicieux quand il est mur, mais lorsqu’il est vert est par trop acide. Kumara nous piègera à nouveau quelques temps plus tard avec des clous de girofle !

Pendant ces deux jours nous avons apprécié son humour naturel et avons pu également lui faire la démonstration du notre. En tout cas la découverte de ces nouvelles saveurs a été quelque chose de surprenant et de très agréable. J’avais un peu peur de la cuisine et des produits sri lankais avant le départ. Nous nous étions doté de tout l’arsenal pharmaceutique pour gérer le moindre désagrément gastrique ou intestinal. Finalement tout s’est bien passé je passe donc une petite annonce : « vend 1 boite de Maalox goût citron (expiration 10/2010) et 1 boite de Diarexyl (expiration 11/2010) emballages neufs » !

L’étape suivante nous mène dans une plantation de bananes qui bénéficie du programme d’irrigation. Juste à côté se tient une maison occupée par deux gamins d’une dizaine d’années. Une voisine assez âgée – je lui donne 65 ans mais ici il est impossible de mettre un âge sur ces visages marqués – nous explique que l’un des deux est son petit fils. Ses parents sont morts lors du tsunami (il devait avoir 5 ou 6 ans, à peu près l’âge de Sandeepa), mais il a la chance d’avoir un parrain. L’autre est sans famille et a été récupéré par la grand-mère. Les deux enfants habitent seuls dans la maison et sont aidés par les voisins.

Nous visitons ensuite une maison à laquelle est adossée une cabane couvrant une drôle de machine. On m’expliqueque cette machine sert à confectionner des cordelettes à partir des fibres de coco. Le CCF a financé la machine, d’une rusticité remarquable et un premier stock de 300 kgs de fibre de coco. Grâce à cela deux femmes bénéficient d’un petit revenu. Je ne résiste pas à l’envie de faire fonctionner moi-même la machine alors que les deux femmes filent la fibre de coco. Cette association spontanée les fait beaucoup rire, j’en profite pour faire quelques facéties en testant la résistance de la nouvelle corde avec ma force herculéenne. Kumara est bon public, la tournée se poursuit toujours en compagnie de Sandeepa qui s’acclimate peu à peu à notre présence. Il n’est pas rare qu’en descendant du minibus ou en marchant sur les quelques portions faites à pied, elle vienne me prendre la main pour marcher à mes côtés. Mon cœur bat un peu plus vite alors ; le bonheur de vivre ces moments particuliers. Ces sentiments quasi paternels, pour moi qui ne suis pas père, sont à la fois nouveaux et merveilleux, troublants aussi. Je m’y étais un peu préparé et je comprends mieux les restrictions imposées lors des visites par le CCF. Outre la protection de l’enfant qui reste la priorité absolue, il faut également se protéger soi-même par rapport à cette relation. Ne pas se laisser emporter par l’élan, garder sa place de parrain même si celle de père est vacante, même si certains courriers commencent par « cher père », même si Sandeepa lève vers moi des yeux remplis d’émotion, d’admiration et peut être d’amour d’une petite fille de 6ans qui n’a jamais eu de père. Je me demande alors comment Sandeepa va vivre notre départ. J’espère que cela se passera bien pour elle; et pour nous.

 

Je demande à Hemali et Kumara s’il serait possible de voir l’école de Sandeepa. Très gentiment ils acceptent defaire un petit détour. Cela n’était pas prévu au programme mais cette charmante équipe du CCF ne peut manifestement rien nous refuser ! Plus sérieusement, nous leur devons un grand merci car  ils se sont vraiment donnés beaucoup de mal pour que cette visite soit une vraie réussite. Ils ont été disponibles, attentionnés et je sais que cette organisation (les déplacements, les repas, les visites) ont du leur prendre pas mal de temps, sans compter les deux jours qu’ils ont passé avec nous. Nous faisons donc un crochet par l’école. Sandeepa n’est pas spécialement ravie car aujourd’hui elle fait l’école buissonnière en raison de notre venue. Nous ne restons que quelques minutes pour ne pas déranger les élèves. Certains d’entre eux, profitant de leur récréation, viennent à la rencontre de notre petit groupe.

Une fresque représentant le monde me donne l’occasion de leur indiquer la France d’une main et le Sri Lanka de l’autre. Ils peuvent ainsi mesurer la distance qui nous sépare. Ils avaient déjà, j’en suis sur, une bonne notion de la différence de culture, à voir leurs regards étonnés posés sur nous. Les élèves de la classe de Sandeepa sont à la bibliothèque ce qui nous permet de faire des photos de leur salle de cours. Kumara fait le tour et me désigne dans la série de dessins accrochés au mur, celui réalisé par Sandeepa. C’est le troisième en partant du fond sur la ligne du bas.

Il est bientôt temps de rentrer à l'hôtel et de raccompagner Sandeepa chez elle. Le programme prévoyait une détente à la plage mais nous avons, et de loin, préféré les visites effectuées. Arrivés chez Sandeepa, personne ne descend... et Munidasa et Malani nous rejoignent avec des sacs au contenu mystérieux. Le minibus repart, direction la plage de Kirinda!..



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Commentaires

  • jacqueline bourgain

    1 jacqueline bourgain Le 09/04/2008

    Je suis loin d'avoir terminé la lecture mais cette journée que je viens de vivre par votre intermédiaire m'a beaucoup émue.
    Je continue
  • XRumerTest

    2 XRumerTest Le 04/02/2013

    Hello. And Bye.

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