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visites projets partie 2

La première visite nous permet de découvrir une école maternelle dont le salaire de l’institutrice est pris en charge par le CCF. Cette école est en plus aidée par une association française qui a fourni divers équipements (tables, tableaux, cahiers …). Le CCF a aussi fourni un lecteur de cassettes audio qui permet aux enfants de nous faire une petite ronde sur une musique traditionnelle. Deux d’entres eux nous chantent une petite chanson « a capella ». J’avais vu Srath s’éclipser pendant la chanson ; il revient chargé de deux paquets de biscuits achetés dans une échoppe proche de l’école. L’institutrice s’empresse de les distribuer aux enfants ravis de cette collation supplémentaire.

L’étape suivante nous amène dans une unité de production de produits dérivés des fruits. Cette petite usine qui emploie 25 salariés, en majorité des femmes, produit des jus de fruits, des concentrés, des sirops et des confitures. L’installation s’est faite il y a un an et demi et la production a commencé il y a quatre mois. La plupart des produits de base étant saisonniers, ils importent également des pulpes en boite de manière à assurer une activité régulière. Si les machines sont un peu anciennes, la propreté qui règne dans les installations répond tout à fait aux normes sanitaires. Nous nous entretenons avec le directeur du site qui nous indique que la prochaine étape consiste à se doter d’un autoclave pour commercialiser des produits stérilisés. Il compte aussi augmenter sa propre production de pulpe pour limiter les importations. Une action est également menée en faveur du recyclage des contenants. Une unité devrait se construire prochainement sur le même site qui bénéficie d’une grande surface disponible. Avant de repartir nous faisons quelques emplettes. Nous ramènerons en France un peu de confiture de mangue et des sirops de fruits de la passion et de papaye.
Helami et Kumara nous emmènent ensuite visiter le chantier d’une maison en construction. Là aussi, l’ancienne maison toujours occupée, est attenante à la nouvelle construction. Il s’agit d’une famille composée de deux adultes et de deux enfants. C’est la femme qui nous reçoit, son mari est en mer car il est pêcheur. Nous sommes surpris de voir, accroché à un pilier de la maison en construction, un épouvantail fait de chiffons et de vieux vêtements. Srath nous explique que c’est pour chasser le mauvais œil. Nous en verrons plusieurs, ici où là au hasard de nos déplacements.

La vieille maison est vraiment dans un triste état, le toit est en feuille de cocotier ce qui empêche normalement l’installation de l’électricité à cause du risque d’incendie. Je prends une photo de la cuisine très sommaire avec un feu ouvert dont la fumée s’échappe par un trou ménagé dans le toit. Notre hôte insiste pour nous offrir du café et des biscuits, des bananes et des mangues accompagnées de gros sel. A chaque fois l’accueil est le même : ces gens qui n’ont rien ou presque mettent un point d’honneur à nous recevoir le mieux possible. Nous acceptons par politesse plus que par appétit, car à chaque étape le cérémonial se reproduit. Nous ne nous sentons pas le cœur de refuser ces attentions si gentiment proposées.  

C’est dans une bananeraie que se poursuit notre journée de découvertes. Nous entrons dans une exploitation d’environ un hectare consacré à la banane mais aussi à la papaye. Encore une famille avec deux enfants (cela semble être une moyenne nationale). Le couple exploite seul cette parcelle, et vend ses produits sur les marchés et à l’entreprise que nous avons visité plus tôt. Le CCF a permis de développer le système d’irrigation, particulièrement précieux dans cette région sèche du pays. Hemali m’informe qu’une des filles est parrainée par un thaïlandais. Nous goûtons une papaye fraîchement cueillie et préparée par la maîtresse de maison. Elle nous présente ensuite une assiette faite en feuille de bananier. Il s’agit de trouver un nouveau déboucher et de diversifier leur activité. Pour l’instant ce n'est qu'un prototype qui doit être perfectionné. Elle a construit elle-même la machine qui sert à marquer le fond de l’assiette.
Nous sommes attendus au bureau du CCF de Kirinda pour le déjeuner et il est presque 14h00 lorsque nous rejoignons le minibus, mais nous ne sommes pas tenaillés par la faim avec tout ce que nous avons mangé depuis le petit déjeuner. En repensant aux projets visités dans la matinée je regarde la route défiler par la fenêtre. Le chemin me parait vaguement familier lorsqu’au loin je reconnais une petite maison devant laquelle se trouve un bateau retourné. Je me redresse sur mon siège et concentre mon regard : pas de doute nous passons devant chez Sandeepa. Le véhicule s’arrête mais je n’ai pas encore compris ; je pense que Kumara ou Hemali doit récupérer quelque chose ou que nous passons juste pour un salut rapide. Mais tout le monde descend et là je comprends en voyant à nouveau la grande table dressée : nous déjeunons chez Sandeepa ! Inutile de vous décrire notre surprise et surtout notre joie. Hemali nous jette un petit regard de coin, sans doute satisfaite de l’effet produit. J’apprends que Sandeepa s’était mise à pleurer en ne nous voyant pas arriver - il est 14h30 - et qu’à part nous, tout le monde semblait au courant de ce programme non officiel. Sandeepa porte la jupe offerte par Gaëlle et le bracelet confectionné par Tifène. Dans l’euphorie des retrouvailles je ne l’avais pas remarqué tout de suite. Comme la veille elle nous présente un plateau sur lequel est posé un verre d’eau ; nous posons la main sur le plateau, signe que nous acceptons son invitation à passer à table. Le repas est encore plus détendu que la veille. Nous picorons dans la plats car nos estomacs sont déjà partiellement remplis. Je ménage toutefois une place suffisante pour reprendre de ce fromage de bufflone nappé de sirop de palme ; toujours un délice…

Sandeepa est allé à l’école ce matin ce qui me donne l’occasion de lui demander ce qu’elle y a fait. Avec l’aide d’une bénévole du CCF nous feuilletons ses cahiers sur lesquels se succèdent calculs, pages d’écriture et dessins. Puis Sandeepa prend l’ardoise qui lui a été offerte la veille et dessine ses parents. Le collier de la mère ressemble étrangement à celui que porte Lydie ; les cheveux du père sont tout bouclés….troublant.

Le déjeuner se termine et nous reprenons la route pour visiter l’ancien temple de Kirinda. C’est une option que nous aurions volontiers supprimer de notre programme car nous ne sommes pas spécialement attirés par ces visites touristiques et qu’après deux jours de minibus et de visites en tout genre, nous aurions sans doute préféré le confort d’un transat au bord de la piscine. Mais tout cela est bien vite oublié car au moment de partir, Sandeepa et Malani montent également dans le véhicule. J’avais oublié qu’il n’y avait pas école l’après-midi et une fois de plus la surprise est totale. C’est dons dans des dispositions toutes autres que nous prenons la direction du temple. Sandeepa prend place entre Lydie et moi, Lydie en profite pour réajuster le bracelet sur son petit poignet. En descendant du minibus nous nous déchaussons pour monter vers le temple. Nos plantes de pieds européennes sont peu habituées au contact direct avec le sol, surtout avec ces températures. Srath et Kumara nous expliquent les rudiments de la religion bouddhiste majoritaire dans le pays et ses liens avec la religion hindouiste. Après un petite offrande dans le temple hindou, sensée nous attirer les bonnes grâces du ciel, nous descendons vers le rivage tout proche par une succession de rochers ventrus en guise de chemin. Sous le regard curieux de notre groupe, j’improvise un jeu de marelle dans le sable pour Sandeepa. J’ai à peine le temps de lui montrer et elle de tenter un premier passage, que la marée montante efface mon tracé sous les rires de Kumara. Sur la route du retour, nous faisons une courte halte au bureau de Kirinda pour déposer Kumara. Il m’invite à l’intérieur pour signer les livres d’Or, Sandeepa m’accompagne ; pas facile d’exprimer tout cela en anglais, je m’applique dans la chaleur moite du bureau. Pendant ce temps là, Malani et Lydie nous attendent devant le bureau, dans un moment de complicité tacite.

 Nous reprenons ensuite la route vers la maison pour y déposer Malani, Sandeepa et les deux voisines qui les accompagnaient. Les adieux sont bien sûrs émouvants. Grâce à Srath je fais comprendre à Munidasa et Malani que notre action va se poursuivre et qu’ils peuvent continuer à compter sur nous. Je souhaite également qu’ils puissent continuer à s’occuper de Sandeepa comme ils le font. Sandeepa est toute souriante, elle se prosterne à nouveau devant nous et nous nous embrassons. Nous partons, le cœur un peu serré certes, mais rempli de bonheur après ces deux journées passées en leur compagnie. Le temps que le chauffeur fasse sa manœuvre, nous nous envoyons plein de « flying kiss » avec Sandeepa ; je la sens très heureuse. Moi aussi.

 

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